France

France

Contexte du pays

Avant de brosser un tableau du contexte national français il faut souligner que le questionnaire utilisé présuppose que les différentes situations européennes sont comparables. Il risque donc de négliger certaines spécificités nationales. En outre, s’il est bien entendu légitime de faire le point sur l’application des directives européennes en matière linguistique, l’idée d’une notation (scoring) et d’un classement des différents pays est plus discutable. Mais il demeure que les résultats de l’enquête constituent une banque de données inestimable sur les pays concernés et qu’il faudra dans l’avenir se demander comment les utiliser scientifiquement. Il serait en outre intéressant de mettre ces données à disposition du grand public sous la forme d’un index « à la demande », en s’inspirant par exemple du better life index de l’OCDE1.

Pour en venir au volet français de l’enquête, il est utile de rappeler en introduction quelques unes des spécificités du terrain qui nous concerne.

La France est un pays sur le territoire duquel (métropole, départements et territoires d’outre-mer)  on parle un grand nombre de langues, qu’elles soient endogènes ou fruits de la migration. Dans le cadre de la réflexion sur la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, le ministère de l’éducation nationale , de la recherche et de la technologie et le ministère de la culture et de la communication avaient demandé au linguiste  Bernard Cerquiglini un rapport sur Les langues de la France qui fut remis aux autorités en avril 1999. Il dénombrait  75 « langues pratiquées sur le territoire national, et distinctes de la langue officielle ». Il s’agit là des langues « parlées par des ressortissants français », et il convient donc d’ajouter à cette liste les nombreuses langues de migrants. Sur ce point il faut souligner que, pour des raisons éthiques, il n’y a pas en France de comptage des minorités ethniques ou nationales.

En revanche, pour ce qui concerne la transmission des langues de migrants et des langues régionales, le recensement de la population française de 1999 apporte des données intéressantes. Il montre que 26% des Français ont été élevés par des parents qui parlaient à la maison une autre langue que le français. Les personnes interrogées citent 6700 « noms de langues » correspondant à environ 400 langues identifiées et répertoriées par Ethnologue2 avec un code ISO 639-3. Concernant le taux de transmission des langues il va pour les langues de migrants de 86% pour le turc à 25% pour le polonais, et pour les langues régionales de 45% pour l’alsacien à 10% pour le breton. C’est-à-dire que les langues de migrants se transmettent plus que les langues régionales et que leur transmission est d’autant plus importante que la migration est récente. Quant aux langues régionales, leur taux de transmission est en constante diminution.

Enfin le français, langue officielle de plus de trente pays, dans lesquels il remplit la fonction de langue seconde et connaît une grande  variété de formes, est également enseigné en France même comme langue étrangère (FLE) pour les populations de migrants.

1 www.oecdbetterlifeindex.org
2 
www.ethnologue.com

Les langues dans les documents officiels et les bases de données

La langue nationale, les langues étrangères, les langues R/M et les langues des migrants sont couvertes par la législation linguistique et/ou les documents de politique linguistique. L’apprentissage et l’enseignement de la langue nationale à l’étranger pour les enfants et/ou adultes originaires de France sont (co)-financés dans environ 130 pays en Europe et en dehors de l’Europe. La Charte européenne des langues régionales ou minoritaires a été signée par le gouvernement, mais n’a pas été ratifiée par le parlement français. Au niveau national, plusieurs langues R/M et langues de migrants sont reconnues, protégées et/ou promues dans les documents officiels, y compris dans le système éducatif à l’échelle nationale ou régionale. Ces langues sont les suivantes : basque, breton, catalan, corse, alsacien, mosellan, flamand occidental, franco-provençal, langues d’Oïl (« langues du Nord »-  franc-comtois, wallon, champenois, picard, normand, gallo, poitevin-saintongeais, lorrain, bourguignon-morvandiau) occitan ou langues d’Oc (« Langues du sud » - gascon, languedocien, provençal, auvergnat, limousin, vivaro-alpin), parlers liguriens (de la vallée de la Roya dans les Alpes-Maritimes et Bonifacio en Corse), plus les 41 langues des territoires d’Outre-mer figurant dans la liste officielle des Langues de France et les langues non territoriales parlées par les migrants : arabe dialectal, arménien occidental, berbère, judéo-espagnol et romani.  Les langues R/M et les langues des migrants sont appelées Langues de France. L’emploi de cette expression démontre une remarquable perspective inclusive en matière de langues minoritaires, laquelle fait souvent défaut dans les autres pays européens.

Les mécanismes nationaux de collecte de données officielles sur la diversité linguistique en France s’appuient sur les données d’études mises à jour périodiquement. Dans ces mécanismes de collecte de données, la langue nationale, les langues R/M et les langues des migrants sont traitées dans une question portant sur la langue parlée à la maison et dans une question portant sur la maîtrise de la  langue (niveau parlé/compris/lu/écrit).

La constitution française stipule dans son article 2 (modifié le 25 juin 1992) que « la langue de la république est le français » et dans son article 75-1 (modifié le 23 juillet 2008)  que « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France » (il faut noter que la liste de ces langues n’est pas fournie). Il existe par ailleurs un enseignement de ces langues régionales (basque, breton, catalan, corse, créoles, occitan…) dans l’enseignement secondaire et un concours de recrutement de professeurs (CAPES) pour ces langues est régulièrement organisé. Une loi « relative à l’emploi de la langue française » (4 août 1994), dite « loi Toubon », précise dans son article 1er que le français est « la langue de l’enseignement, du travail, des échanges et des services publics ». D’autres articles de cette loi seront cités plus loin, à propos des  différentes rubriques concernées.

Les langues dans l'enseignement préprimaire

 

LRM

Langues R/M

LE

Langues étrangères

LM

Langues des migrants

LN - SOUTIEN SUP

Langues nationales
Groupes cibles
LRM: tous locuteurs natifs uniquement aucun soutien 
LE: tous restreint aucun soutien 
LM: tous locuteurs natifs uniquement aucun soutien 
LN - SOUTIEN SUP: tous enfants de migrants uniquement aucun soutien 
none none none none
Durée
≥ 2 ans 1 an <1 an   
none none none none
Taille minimale des groupes
aucune  5-10  >10
none none none none
Jours par semaine
 >1 jour  0.5-1 jour  <0.5 jour
none none none none
Formation initiale des enseignants
spécifique à une matière générale aucune 
none none none none
Formation des enseignants en cours d'emploi
spécifique à une matière générale aucune 
none none none none
Financement public disponible
total partiel aucun 
none none none none

Langues proposées dans l'enseignement pré-primaire

R/M Languages

-

Langues étrangères

-

Langues des migrants

-

Pour ce qui concerne cette rubrique ainsi que les trois suivantes (enseignement primaire, secondaire, supérieur), la loi « relative à l’emploi de la langue française » stipule en son article 11 que :

« La langue de l'enseignement, des examens et concours, ainsi que des thèses et mémoires dans les établissements publics et privés d'enseignement est le français, sauf exceptions justifiées par les nécessités de l'enseignement des langues et cultures régionales ou étrangères ou lorsque les enseignants sont des professeurs associés ou invités étrangers. Les écoles étrangères ou spécialement ouvertes pour accueillir des élèves de nationalité étrangère, ainsi que les établissements dispensant un enseignement à caractère international, ne sont pas soumis à cette obligation ».

Les langues dans l'enseignement primaire

Organisation

 

LRM

Langues R/M

LE

Langues étrangères

LM

Langues des migrants
Programmes scolaires
cohérent et explicite général pas de lignes directrices   
3 3 2
Enseignement EMILE (enseignement d'une matière intégrée à une langue étrangère)
  généralisé localisé aucun   
2 2 1
Groupes cibles
LRM: tous locuteurs natifs uniquement aucun soutien 
LE: tous restreint aucun soutien 
LM: tous locuteurs natifs uniquement aucun soutien 
3 3 3
Démarrage de l'enseignement en langue
A partir de la 1ère année à mi-étape en fin d'étape uniquement   
2 2 1
Planification
pendant le temps scolaire en partie pendant le temps scolaire hors temps scolaire    
3 3 1
Taille minimale des groupes
aucune 5-10 >10  
3 3 3
Surveillance des compétences linguistiques
surveillance nationale standardisée propre à l'établissement aucune   
2 2 2
Niveau requis
Autres LN: normes nationales ou régionales normes propres à l'établissement non spécifié 
LE: dépend du CECRL des normes nationales ou de l'établissement non spécifié 
LM: normes nationales ou régionales normes propres à l'établissement non spécifié 
3 3 1
Financement public disponible
total partiel aucun   
3 3 2

 

LN

Autres langues nationales
Programmes scolaires
cohérent et explicite général pas de lignes directrices   
3
Soutien supplémentaire pour les nouveaux arrivants
avant la phase d'intégration pendant aucun   
3
Evaluation diagnostique à l'entrée
tous immigrants uniquement aucune   
1
Surveillance des compétences linguistiques
surveillance nationale standardisée propre à l'établissement aucune   
3

Enseignants

 

LRM

Langues R/M

LE

Langues étrangères

LM

Langues des migrants
Qualifications des enseignants
enseignants en langues enseignants en matières générales non qualifiés   
2 2 2
Formation initiale des enseignants
spécifique à une matière générale aucune   
3 3 1
Formation des enseignants en cours d'emploi
spécifique à une matière générale aucune   
3 3 2
Mobilité
intégrée dans la formation soutien financier informel aucune non applicable  
0 1 0

 

LN

Autres langues nationales
Qualifications des enseignants
enseignants en langues enseignants en matières générales non qualifiés   
3
Formation initiale des enseignants
spécifique à une matière générale aucune   
3
Formation des enseignants en cours d'emploi
spécifique à une matière générale aucune   
3

Langues proposées dans l'enseignement primaire

R/M Languages

basque, breton, catalan, corse, tahitien, langues mélanésiennes (ajïé, drehu, nengone, paici)

Langues étrangères

Obligatoire : une langue parmi l’anglais, l’allemand ou, beaucoup moins fréquemment, d’autres langues telles que l'arabe, le chinois, l'italien, le portugais, le russe, l'espagnol

Langues des migrants

arabe, croate, italien, portugais, serbe, espagnol, turc

L’enseignement primaire est donné en français. Il existe parallèlement un enseignement des cultures et langues d’origine (ELCO) pour un certain nombre de langues de migrants comme l’arabe ou le turc, à destination des enfants de migrants, et organisé dans le cadre scolaire par les pays d’origine. Pour ce qui concerne l’arabe, on y enseigne la forme standard plutôt  que les formes linguistiques réellement parlées dans les familles. 

Les élèves de l’enseignement primaire (99,9% des élèves du cycle 3) ont en outre un enseignement d’une langue étrangère, le plus souvent l’anglais. Ils ont également parfois (49 800 élèves sont concernés) un enseignement d’une langue régionale.

Il existe par ailleurs des écoles associatives, laïques et gratuites (diwan pour le breton, calendreta pour l’occitan, bressola pour la catalan…) dans lesquelles l’enseignement est donné en langue régionale.

Les langues dans l'enseignement secondaire

Organisation

 

LRM

Langues R/M

LE

Langues étrangères

LM

Langues des migrants
Programmes scolaires
cohérent et explicite général pas de lignes directrices 
3 3 2
Enseignement EMILE (enseignement d'une matière intégrée à une langue étrangère)
généralisé localisé aucun   
2 3 3
Groupes cibles
LRM: tous locuteurs natifs uniquement aucun soutien 
LE: tous restreint aucun soutien 
LM: tous locuteurs natifs uniquement aucun soutien
3 3 3
Planification
pendant le temps scolaire en partie pendant le temps scolaire hors temps scolaire   
3 3 2
Taille minimale des groupes
aucune 5-10 >10  
3 3 3
Surveillance des compétences linguistiques
surveillance nationale standardisée propre à l'établissement aucune   
2 2 2
Niveau requis
Autres LN: normes nationales ou régionales normes propres à l'établissement non spécifié not applicable
LE: dépend du CECRL des normes nationales ou propres à l'établissement non spécifié not applicable
LM: normes nationales ou régionales normes propres à l'établissement pas de normes not applicable
3 3 1
Financement public disponible
total partiel aucun   
3 3 2

 

LN

Autres langues nationales
Programmes scolaires
cohérent et explicite général pas de lignes directrices 
3
Soutien supplémentaire pour les nouveaux arrivants
avant pendant aucun   
3
Evaluation diagnostique à l'entrée
tous immigrants uniquement aucune   
3
Surveillance des compétences linguistiques
surveillance nationale standardisée propre à l'établissement aucune   
3

Enseignants

 

LRM

Langues R/M

LE

Langues étrangères

LM

Langues des migrants
Qualifications des enseignants
enseignants en langues enseignants en matières générales non qualifiés   
3 3 2
Formation initiale des enseignants
spécifique à une matière générale aucune   
3 3 1
Formation des enseignants en cours d'emploi
spécifique à une matière générale aucune   
3 3 3
Mobilité
intégrée dans la formation soutien financier informel aucune non applicable  
0 1 0
Niveau de langue requis
dépend du CECRL des normes nationales ou régionales non spécifié non applicable  
3 3 0

 

LN

Autres langues nationales
Qualifications des enseignants
enseignants en langues enseignants en matières générales non qualifiés   
3
Formation initiale des enseignants
spécifique à une matière générale aucune   
3
Formation des enseignants en cours d'emploi
spécifique à une matière générale aucune   
3
Niveau de langue requis pour les locuteurs non natifs
dépend du CECRL des normes nationales ou propres à l'établissement non spécifié non applicable  
0

Langues proposées dans l'enseignement secondaire

R/M Languages

Basque, breton, créole, catalan, corse, occitan, alsacien, mosellan, tahitien, langues mélanésiennes (Ajïé, Drehu, Nengone, Paici)

Langues étrangères

Obligatoire : 2 langues parmi les 19 suivantes : anglais, espagnol, allemand, arabe, chinois, italien, portugais, russe, danois, néerlandais, grec, hébreu, japonais, norvégien, polonais, suédois, turc, grec ancien et latin : autres langues, telles que les langues régionales, facultatives

Langues des migrants

arabe, croate, espagnol, italien, portugais, serbe, et turc

Dans le cadre de l’enseignement obligatoire de deux langues étrangères, les élèves ont le choix entre un nombre de langue plus élevé que dans la plupart des autres pays européens. Celles-ci se répartissent entre deux types, correspondant à deux approches politiques: les langues des pays membres de l’Union européenne d’une part, et d’autre part des langues qui correspondent à des choix de politique étrangère de la France (arabe, chinois, japonais…). Les choix des élèves (ou des parents) privilégient largement l’anglais, puis l’espagnol et l’allemand. Il est à noter que le russe a connu une chute parallèle à celle du mur de Berlin, et que l’arabe est surtout choisi par des élèves issus de la migration. 

Aux langues étrangères enseignées citées dans le Final Profile France il convient d’ajouter onze langues régionales (basque, breton, catalan, corse, créole, gallo, langues mélanésiennes, langues régionales d’Alsace, langues régionales des pays mosellans, occitan-langue d’oc, tahitien). 

Par ailleurs, les élèves ont la possibilité de se présenter, pour le baccalauréat, à une épreuve en une langue de leur choix, qu’elle soit régionale ou étrangère. Dans l’ensemble, 57 langues ont été évaluées, oralement ou par écrit, aux épreuves du baccalauréat en 2011.

Les langues dans l'enseignement professionnel et universitaire

Enseignement post-scolaire (dans trois établissements d’enseignement et de formation professionnels : GRETA Paris, GRETA Marseille et AFPA Corte)

 

Établissement A Établissement B Établissement C

LRM

Langues R/M

LE

Langues étrangères

LM

Langues des migrants

LRM

Langues R/M

LE

Langues étrangères

LM

Langues des migrants

LRM

Langues R/M

LE

Langues étrangères

LM

Langues des migrants
Gamme de programmes de soutien en langue
large variété limitée aucun 
1 3 1 1 3 1 2 3 1
Programmes scolaires
cohérent et explicite général pas de lignes directrices 
1 2 1 1 2 1 2 3 1
Niveau requis
dépend du CECRL des normes nationales non spécifié non applicable
0 2 0 0 3 0 0 2 0
Financement public disponible
total partiel aucun 
1 2 1 1 1 1 3 3 1

LN - SOUTIEN SUP

Langues nationales

LN - SOUTIEN SUP

Langues nationales

LN - SOUTIEN SUP

Langues nationales
Gamme de programmes de soutien en langue
large variété limitée aucun 
2 2 2
Groupes cibles
tous restreint aucun 
3 3 1
Programmes scolaires
cohérent et explicite général pas de lignes directrices 
2 2 2
Compétences professionnelles
oui non 
3 3 3
Amélioration des compétences générales
oui non 
3 1 1
Financement public disponible
total partiel aucun 
3 3 3
Stages en entreprise
intégrés dans le cursus en option aucun 
1 3 1
Utilisation des instruments de l'UE
oui non 
1 1 1

Langues proposées dans les trois établissements d’EFP en France

R/M Languages

Corse (dans un établissement d’EFP en Corse)

Langues étrangères

Anglais, français deuxième langue, allemand, italien, espagnol, arabe, chinois, russe

Langues des migrants

-

Enseignement supérieur (dans trois établissements)

 

Établissement A

Établissement B

Établissement C

Langue(s) d'enseignement
n'importe quelle langue nationale et étrangère nationale uniquement 
2 1 1
Langues sur le site web
Nationales, étrangères et R/M nationales et étrangères nationales uniquement 
2 2 1
Groupes cibles pour un soutien supplémentaire dans la langue nationale
tous  restreint aucun
2 2 2
Niveau requis dans l'enseignement en langue étrangère
dépend du CECRL des normes nationales ou propres à l'établissement non spécifié
2 3 3
Recrutement d'étudiants non nationaux
Internationaux et immigrants internationaux uniquement locuteurs natifs de la langue nationale uniquement
2 2 2
Mobilité pour les étudiants en langues
obligatoire facultative aucune offre
3 2 2
Mobilité pour les autres étudiants
obligatoire facultative aucune offre
3 2 2

Langues proposées dans les trois établissements d’enseignement supérieur en France

Anglais, allemand, italien, espagnol, russe, arabe, chinois, japonais, portugais, français deuxième langue, hindi, latin, turc, grec ancien, arménien, berbère, bulgare, catalan, corse, croate, tchèque, langue des signes française, grec, hébreu, coréen, perse, polonais, provençal, roumain, serbe, vietnamien

Comme le précise la loi (voir plus haut), le français est la langue de l’enseignement supérieur. Il existe cependant des cursus en anglais, en particulier dans les écoles de commerce, le plus souvent au niveau du master. On enseigne en outre dans les universités un grand nombre de langues, une trentaine par exemple à l’université d’Aix-Marseille, et un établissement supérieur spécialisé comme l’INALCO enseigne 93 langues différentes.

Les langues dans l'audiovisuel et la presse

 

Paris

Marseille

Corte

Nombre de langues à la radio
>4 3-4 1-2 langue nationale uniquement 
4 4 2
Nombre de langues à la télévision
>4 3-4 1-2 langue nationale uniquement 
2 2 2
Productions télévisées en langues non nationales
sous-titrées doublées
1 1 1
Films au cinéma en langues non nationales
sous-titrées doublées
4 4 4
Programmes en langues R/M hors région
toujours régulièrement parfois jamais
1 1 1
Disponibilité du langage des signes à la télévision
toujours régulièrement parfois jamais
3 3 3

Langues proposées dans l’audiovisuel et la presse à Paris, Marseille et Corte

Radio

Alsatien, basque, breton, catalan, corse, flamand, occitan, occitan- provençal, arabe, berbère, portugais

Television

Allemand, Corse, occitan-provençal

Journaux

Anglais, arabe, allemand, italien, néerlandais, turc, russe, chinois, serbe, espagnol, suisse allemand, japonais, croate, corse, persan

Sur les ondes nationales (radio et télévision) il existe localement des émissions en langues régionales (breton, corse…). L’enquête ne s’est pas interrogée sur les possibilités d’accès aux télévisions en langues étrangères et il faut ici préciser que les différents systèmes d’abonnements par le cable ou le satellite permettent de recevoir des chaînes dans un grand nombre de langues du monde. Pour ce qui concerne la presse, elle est rare en langues régionales (et l’on pourrait s’interroger sur l’existence d’un lectorat potentiel), et abondante pour la presse étrangère. Les effets conjugués du tourisme et de l’immigration assurent en effet en France au plurilinguisme exogène une place non négligeable. L’offre de presse en langues étrangères est importante, toute l’année à Paris et à Marseille, durant la saison touristique à Corte : 13 langues à Marseille, 15 langues à Paris et  près de 80 titres dans les deux cas.

Les langues dans les services et espaces publics

Les stratégies linguistiques institutionnalisées au niveau des villes

> 4 3-4 1-2 langue nationale uniquement

fréquence d'utilisation : largement utilisée occasionnellement utilisée non utilisée

Paris

Marseille

Corte

Services municipaux

3 6 0

Présence dans le site web

4 8 0

Rapports municipaux annuels

0 0 0

Traducteurs et interprètes externes ou internes

2 6 0

Compétences dans des langues autres que la langue nationale dans les descriptions de postes des employés

7 1 0

Plan ou programme en place destiné à améliorer les compétences en langues

3 9 0

Recrutement de personnes multilingues pour soutenir les objectifs de l'organisation

0 1 0

Offre de formation en langues aux employés

3 2 0

Registre des compétences en langues des employés régulièrement mis à jour

7 0 0

Programmes de récompense ou de promotion pour les employés capables de communiquer correctement dans une autre langue

7 0 0

Communication orale

>4 3-4 1-2 langue nationale uniquement

Paris

Marseille

Corte

Débats politiques et processus de prise de décision au niveau du conseil municipal

1 1 1

Services de l'éducation

1 1 1

Services d'urgence

1 1 1

Services de santé

2 1 1

Services sociaux

1 1 1

Services juridiques

4 4 1

Services de transport

2 4 3

Services d'immigration et d'intégration

1 1 1

Services du tourisme

4 4 4

Programmes de théâtre

3 1 1

Communication écrite

>4 3-4 1-2 langue nationale uniquement 

Paris

Marseille

Corte

Débats politiques et processus de prise de décision au niveau du conseil municipal

1 1 1

Services de l'éducation

2 1 1

Services d'urgence

1 1 1

Services de santé

2 1 1

Services sociaux

1 1 1

Services juridiques

1 3 1

Services de transport

2 4 2

Services d'immigration et d'intégration

2 1 1

Services du tourisme

4 4 3

Programmes de théâtre

2 1 1

Langues proposées dans les services et espaces publics dans 3 villes en France (N ≥ 2)

Anglais, espagnol, italien, allemand, arabe, chinois, japonais, russe, néerlandais, portugais, turc, croate, catalan, danois, coréen, albanais, arménien, bosniaque, bulgare, langue des signes française, grec, hébreu, hindi, polonais, suédois, ukrainien

Les services publics fonctionnent en français. La loi « relative à l’emploi de la langue française » précise en particulier que les personnes morales de droit public et les personnes de droit privé dans l’exercice d’une mission de service public doivent utiliser la langue française (article 5).

Dans l’espace public, les langues régionales apparaissent sur les plaques des rues de certaines villes et dans la signalisation routière de certains départements, à côté du français. La situation varie beaucoup d’une région à l’autre : le corse est très visible en Corse, le breton ou l’occitan le sont beaucoup moins dans leurs régions respectives. Cette situation est à mettre en relation avec ce qui est dit en introduction sur la faible transmission de ces langues.

Les langues dans le monde du travail (dans 24 entreprises)

Stratégies linguistiques générales

Largement utilisée

Occasionnellement utilisée

Non utilisée

Stratégie linguistique en place

7 4 13

Accent mis sur les compétences en langues lors du recrutement

11 6 7

Clause de mobilité internationale

5 5 14

Recours à des traducteurs/interprètes externes

7 8 9

Tenue de registres sur les compétences en langues du personnel

0 7 17

Utilisation de réseaux pour la formation en langues

3 2 19

Utilisation de programmes / financements de l'UE

0 1 23

Connaissance des programmes / financements de l'UE

0 3 21

Stratégies linguistiques internes

Largement utilisée Occasionnellement utilisée Non utilisée

NL

BE

FL-R/M - IL

NL

BE

FL-R/M - IL

NL

BE

FL-R/M - IL

Partenariats avec le secteur de l'éducation pour les langues

3 4 2 1 1 1 20 19 21

Programmes de récompenses / promotion basés sur les compétences en langues

1 2 1 0 1 0 23 21 23

Offre d'une formation en langues

4 12 5 3 2 2 17 10 17

Utilisation du CECRL

1 3 1 0 0 0 23 21 23

Langues utilisées pour les documents sur le lieu de travail/l'intranet

23 12 1 1 1 0 0 11 22

Langues utilisées pour les logiciels, les programmes web

21 11 0 1 2 0 2 11 24

Stratégies linguistiques externes

Largement utilisée Occasionnellement utilisée Non utilisée

NL

BE

FL-R/M - IL

NL

BE

FL-R/M - IL

NL

BE

FL-R/M - IL

Langues utilisées pour les rapports annuels/rapports d'activité

23 7 1 0 5 1 1 12 22

Langues utilisées pour le marketing

23 11 0 1 3 3 0 10 21

Langues utilisées pour la promotion de la marque/l'identité

23 12 2 1 4 2 0 8 20

Langues utilisées pour le site web

22 12 1 1 1 1 1 11 22

Langues autres que l’anglais proposées dans le monde du travail dans 24 entreprises en France (N ≥ 2)

Espagnol, allemand, italien, néerlandais, portugais, russe

Pour ce qui concerne l’usage des langues dans les entreprises, on constate que les langues les plus présentes (anglais, espagnol, allemand, néerlandais, italien, portugais…) sont les langues européennes qui, au regard de différents facteurs, ont le poids relatif le plus important.

Pour ce qui concerne les contrats de travail, la loi rappelle la préséance de la langue française et protège en même temps les salariés étrangers. La loi « relative à l’emploi de la langue française » précise en effet sur ce point dans son article 8 que

« Lorsque l'emploi qui fait l'objet du contrat ne peut être désigné que par un terme étranger sans correspondant en français, le contrat de travail doit comporter une explication en français du terme étranger. Lorsque le salarié est étranger et le contrat constaté par écrit, une traduction du contrat est rédigée, à la demande du salarié, dans la langue de ce dernier. Les deux textes font également foi en justice. En cas de discordance entre les deux textes, seul le texte rédigé dans la langue du salarié étranger peut être invoqué contre ce dernier ».

Principales conclusions générales

Il faut tout d’abord souligner que la classification distinguant entre « langues de migrants » et « langues étrangères » est parfois prise en défaut par la réalité et la complexité des situations : des langues comme l’italien, l’espagnol ou le portugais peuvent être enseignées dans le secondaire (comme langues « vivantes » ou « étrangères ») et être à la fois la langue première d’une partie de la population issue de la migration. L’enquête montre que la politique linguistique de la France dans le domaine de l’enseignement est à la fois ouverte à la diversité linguistique (on y propose de nombreuses langues) et fait écho au versant linguistique de la mondialisation (l’anglais y domine assez largement, devant l’espagnol et l’allemand). Il faut cependant noter que le cas de Corte donne l’impression que la présence d’une langue régionale semble ralentir cette poussée vers le plurilinguisme.

Initiatives et projets pilotes prometteurs

Au plan international, l’Organisation Internationale de la Francophonie organise à Québec en juillet 2012 un forum mondial de la langue française. Les autorités françaises ont pour leur part récemment tenu des Etats généraux du multilinguisme outre-mer (décembre 2011) et le Conseil stratégique des langues a remis en janvier 2012 un rapport sur le thème « Apprendre les langues, apprendre le monde ». Les universités françaises, les municipalités et les centres de formations accordent en France une large place à l’enseignement du français langue étrangère (FLE), dans un double but : intégration des migrants et diffusion de la langue vers l’extérieur. Pour la part l’Université de Strasbourg  mettra en place à partir de la rentrée 2012-21013 un projet d’intercompréhension entre langues apparentées. Enfin la ville de Marseille sera en 2013 la capitale culturelle européenne, ce qui devrait multiplier son effort vers une offre plurilingue.

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